Le Vrai toujours
Est ce qui naît
d’entre nous
Et qui sans nous
ne serait pas
Né d’entre nous
Selon le souffle
du pur échange
Le Vrai toujours
Est ce qui tremble
Entre frayeur et appel
Entre regard et silence
(François Cheng "Le livre du vide médian" p 17)
... Ma rhétorique se borne à attraper quelques description du monde et à les disposer au petit bonheur comme on ferait pour les cartes d’un jeu jusqu’à ce que se dessine quelque imagerie inattendue.
(André Dhôtel « Rhétorique fabuleuse » p 23)
… Que l’on s’ouvre, au contraire comme la poésie le demande, aux polysémies, aux images…
(Yves Bonnefoy « Entretiens sur la poésie » p 18)
… Il faut apprendre à vivre dans l’intervalle du savoir et de la vision, et faire les pas précis qui l’emportent vers la vérité.
(André Dhôtel « Rhétorique fabuleuse »)
…Or, la poésie est un cadeau de la nature, une grâce, pas un travail. La seule ambition de faire un poème suffit à le tuer.
(Henri Michaux « Propos » 1943 in « Habiter poétiquement de monde » p175)
… La difficulté n’est pas d’écrire, mais de vivre de telle manière que l’écrit naisse naturellement
Philippe Jaccottet « Oeuvres » édition La pleïade p 649
…Ce qu’est cette chose, je le sais et je ne la sais pas.
Ou mieux, je sais qu’elle est, mais je ne sais pas ce qu’elle est …
Vladimir Jankélévitch « Quelque part dans l’inachevé » p 19
... et rien de précis à dire, bien entendu, car il n’y a pas de connaissance, pas d’expérience vraiment poussées qui préexistent à la parole qui finira par les exprimer
Yves Bonnefoy "Entretiens sur la poésie" p 25
… retomber aux ténèbres de l’informulé…
Gustave Roud « Journal 12 mai 1927 »
« Le paradis est en quelque sorte dispersé sur la terre entière, diffusé, partout,- et c’est pourquoi il est devenu si méconnaissable. Ses traits épars doivent être réunis... »
Novalis « Oeuvres complètes, II, p 307, fr 433.
Swayambhu (souaya-mbou) : « qui se manifeste spontanément » ou « qui apparaît de lui-même ». Terme sanskrit utilisé pour désigner une pierre ou un rocher qui présente naturellement les traits des divinités, comme par exemple Ganesha, le Dieu à tête d’éléphant, ou Shiva, le seigneur de la danse. Plus subtilement, Swayambhu désigne l’expérience spontanée et soudaine d’une certaine conscience de la réalité, un moment de lucidité absolue, où se révèle la nature essentielle du Réel : un champ infini d’Unité, Fluidité, Energie. Le danseur devient un artisan-alchimiste. Il sort sa palette d’outils : mouvements, gestes, rythmique, dynamique, expressions du visage, musique, mélodie, parole, usage de l’espace, lumière, couleurs, esthétique, intention, état d’esprit... Chaque élément finement aiguisé, admiré, pesé, puis manié avec soin, amour, délicatesse. Il cherche l’alliage juste qui sera propice à la manifestation d’une expression pure, dont la perception sera rendue possible. Une vision dont on devine la lumière, mais dont on n’a jamais saisi la forme avec clarté, et qu’on ne peut espérer entrevoir que grâce à cette alchimie magique, qui permet sa révélation spontanée : pour un instant, faire tomber le voile de l’Illusion, Maya en sanskrit, et effleurer l’Infini... Encore faut-il que l’alchimie réussisse...
Shantala Shivalingappa (danseuse traditionnelle et contemporaine indienne)